Face aux défis croissants en matière de santé publique, de congestion urbaine, de pollution et de crise climatique, le vélo s’impose comme une solution concrète. Le professeur de l'UCLouvain Bas de Gueus, dans un nouveau webinaire de la Cellule Mobilité d'AKT for Wallonia, levait le voile sur les impacts réels du vélo – classique ou électrique – utilisé comme moyen de transport, avec un regard particulier sur la santé, la sécurité et la pollution. La conclusion est sans appel : devenir cycliste régulier permet de gagner 7 mois d'espérance de vie, alors que le vélo électrique est aussi efficace qu'un vélo musculaire pour être en meilleure santé.
Bouger pour aller mieux
Le constat, dressé d'entrée par le professeur de la Faculté des Sciences de la Motricité et chercheur IACCHOS, est sans appel : « Le corps humain est fait pour bouger ». Adopter le vélo comme moyen de transport génère des effets très positifs sur la santé physique et mentale.
Mortalité réduite, moins de symptômes dépressifs et d'anxiété, absentéisme en baisse : les cyclistes réguliers vivent plus longtemps, qui plus est en meilleure santé et plus productifs, que les adeptes de la voiture. Le lien de corrélation est clair et démontré par plusieurs études : plus on pratique une activité physique quelconque, plus l'effet positif sur la santé se fait ressentir (relation dose-réponse).
Et, contrairement à certaines idées reçues : le vélo électrique est presque aussi bénéfique que le vélo classique, grâce à la fréquence et la durée plus élevées des trajets. Bien que la pression sur les pédales (et donc la fréquence cardiaque) soit naturellement moins élevée sur un vélo sans assistance, l'intensité est suffisante au regard des recommandations de l'OMS concernant le Metabolic Equivalent of Task (4,9 MET en électrique, 6,6 en musculaire). On observe, parallèlement à l'intensité, de plus longues distances parcourues et de plus longues durées en vélo électrique qu’en vélo musculaire, compensant ainsi en partie la différence d’effort physique.
Comprendre les risques, mieux les éviter
Plus de cyclistes sur la route, c’est plus d'accidents… en apparence. Car le risque individuel diminue à mesure que la part modale du vélo augmente : c’est l’effet de "masse critique". Plus il y a des cyclistes (quelque que soit le type de vélo), plus la sécurité pour le cycliste augmente. Certaines tendances méritent l’attention :
- Le risque d’accident grave est plus élevé en vélo électrique, surtout chez les personnes peu habituées à rouler (qui optent majoritairement pour des électriques) et les femmes ;
- Le risque augmente avec l’âge, pour un même type d’accident ;
- Les personnes qui se sentent moins à l'aise dans le trafic sont plus vite impliquées dans un accident (d'où l'importance des formations pour apprendre à rouler dans le trafic) ;
- Moins d’accidents en Wallonie qu’en Flandre mais le risque y est plus important.
Le chercheur Bas de Geus ajoute à ces facteurs clés quelques conseils pratiques, pour l'individu mais aussi la société : porter un casque (71 % des cyclistes bruxellois le font en 2024), soigner sa visibilité (jusqu’à 43 % d’accidents en moins) ou défendre et adopter les zones 30, qui réduisent nettement le nombre et la gravité des accidents.
Idées reçues sur la pollution de l’air
Surprise : on est beaucoup plus exposé aux particules fines en voiture qu’à vélo. Ceci dit, les cyclistes inhalent une plus grande quantité d’air (4 à 5 fois +) par kilomètre, et donc in fine plus de polluants (4 à 9 fois +).
Un conseil donc : bien choisir ses itinéraires pour éviter les axes très pollués. A noter qu'en vélo électrique, on inhale jusqu’à 23 % de particules fines en moins qu’en vélo musculaire, grâce à un effort physique moindre.
Des chiffres qui parlent
Une étude évalue les impacts d’un passage de la voiture au vélo :
- – 21 jours de vie perdus à cause de la pollution
- – 7 jours de vie perdus en raison des accidents
- + 8 mois gagnés grâce à l’activité physique
Bilan net : un gain net de 7 mois d’espérance de vie, en plus d’être en meilleure santé.
Et pour la collectivité ? Chaque euro investi dans une infrastructure cyclable rapporte le double (santé publique, productivité, etc.).
En selle !
Ne pas oser se lancer, attendre d’être “en forme” ou attendre de meilleures infrastructures, c’est laisser passer des années de santé gagnée. Le vélo — électrique ou classique — fait partie de la réponse aux enjeux majeurs de notre époque : santé publique, climat, bien-être au quotidien.
La conclusion est donc claire : l’essentiel n’est pas le type de vélo, mais de rouler régulièrement. Vous avez tout à y gagner.
Tous les chiffres et sources sont à retrouver dans le replay du webinaire ou dans la présentation (.pdf).
La Cellule Mobilité accompagne gratuitement les entreprises dans leur politique cyclable via l'opération Tous vélo-actifs.